Voici quelques pathologies (maladies) de la cornée.

Le ptérygion

Le ptérygion est une maladie de la surface oculaire qui consiste en une prolifération fibro-vasculaire anormale mais bénigne du tissu situé sous la conjonctive, qui vont venir coloniser la surface de la cornée en évoluant vers le centre. Cette dysplasie est favorisée par l’exposition au soleil, et à tout facteur irritant pour la surface oculaire (ex : poussière) sans protections.

 

  • Les symptômes

On peut ressentir une gêne, une sensation de corps étranger, une rougeur au niveau du coin interne de l’œil, des picotements, des démangeaisons. À un stade plus avancé, le ptérygion peut être responsable d’une déformation de la cornée par effet de traction, avec apparition d’un astigmatisme et d’une baisse de vision.

 

  • Le traitement

À un stade débutant, on peut prescrire des collyres pour soulager les symptômes. Ces collyres ne permettent pas de faire disparaître le ptérygion mais peuvent soulager les symptômes en attendant une chirurgie. Le traitement curatif (qui permet de soigner le ptérygion) est une intervention chirurgicale. Le ptérygion, même après chirurgie, peut-être une pathologie qui récidive volontiers. Cette intervention se réalise sous anesthésie locale et en ambulatoire. Le principe de l’intervention est de retirer le ptérygion et de diminuer le risque de récidive en interposant une autogreffe conjonctivale ou une membrane amniotique sur le lit d’exérèse du ptérygion.

Après l’intervention, des collyres et de pommades sont à appliquer de 15j à 1 mois pour permettre la cicatrisation.

Le kératocône

Le kératocône est une pathologie rare de la cornée, d’origine multifactorielle, génétique et environnementale. Elle touche plutôt les garçons, dès l’adolescence. On a prouvé aujourd’hui le rôle du frottement oculaire dans la survenue et l’évolutivité de cette pathologie.

Cette pathologie entraîne une déformation et un amincissement de la cornée, avec baisse de vision non améliorable en lunettes (astigmatisme irrégulier).

 

  • Les symptômes

Le kératocône se traduit par une baisse de vision, souvent asymétrique, et l’apparition d’un astigmatisme et d’une myopie. Il peut exister aussi une gêne à la lumière. Pour compenser au départ ce flou visuel, les patients ont tendance à plisser les yeux pour mieux voir.

La surveillance régulière est fondamentale, à un rythme défini par l’ophtalmologiste suivant votre âge et le stade de la maladie. La surveillance se fait essentiellement par l’acquisition de topographies cornéennes qui permettent de visualiser la déformation cornéenne et de comparer les images dans le temps.

 

  • Le traitement

Il n’y a pas de traitement à proprement parlé pour faire disparaitre le kératocône. L’arrêt de tout frottement oculaire est primordial pour éviter une aggravation de la déformation cornéenne et une baisse de vision plus importante

Le premier volet du traitement est de permettre de retrouver une bonne vision. Les lunettes sont souvent insuffisantes. La déformation de la cornée entrainée par le Kératocône se corrige en lentilles rigides. Il existe aujourd’hui une grande variété de lentilles rigides, de telle façon que presque toutes les cornées, même très déformées, peuvent bénéficier d’une adaptation, avec une vision bien améliorée.

Dans certains cas où l’adaptation en lentilles rigides n’est pas possible, on peut proposer la mise en place d’anneaux intra cornéens pour diminuer l’astigmatisme cornéen induit par le kératocône.

Le deuxième volet du traitement est de stopper la déformation cornéenne si il est prouvé qu’elle s’aggrave même après arrêt des frottements oculaires. On peut alors proposer une intervention chirurgicale, le cross-linking, dont le but est de rigidifier la cornée afin de stopper la déformation. Le but de cette intervention n’est pas de redonner une meilleure vision. De manière exceptionnelle, le cross-linking peut être couplé au laser pour corriger une partie de la vision.

Enfin, en cas de complications, ou dans les cas où la cornée, en plus d’être déformée n’est plus transparente, on peut avoir recours à la greffe de cornée. Cette greffe de cornée peut être partielle, lamellaire (KLAP). Cette technique consiste en ne greffer que la partie antérieure de la cornée, l’épithélium cornéen et le stroma, en laissant en place l’endothélium du receveur. On peut aussi proposer une greffe totale ou transfixiante de cornée.

Les Dystrophies de cornée

Les dystrophies de cornée sont des anomalies de cornée d’origine génétique, qui pénalisent sa transparence de manière bilatérale mais souvent asymétrique. L’âge de survenue est très variable. Les modes de transmission et d’expression sont aussi très variables.

Il existe de nombreuses dystrophies qui peuvent toucher les différentes couches de la cornée. Certaines dystrophies superficielles touchent l’épithélium cornéen et sa membrane basale. Les symptômes ressentis peuvent être une gêne à la lumière, des douleurs intermittentes mais vive, surtout le matin au réveil, avec œil rouge et larmoyant, sans facteur déclenchant particulier. Elles peuvent parfois s’accompagner d’une baisse de vision modérée.

D’autres dystrophies vont toucher la partie centrale de la cornée, le stroma cornéen. Elles sont souvent responsables de gène à la lumière et de baisse de vision.

Enfin, il existe des dystrophies endothéliales, qui vont se traduire par l’apparition d’un flou visuel prédominant le matin au réveil, en lien avec l’apparition d’un œdème de cornée. La dystrophie endothéliale principale est la dystrophie endothéliale de Fuchs.

 

  • La dystrophie endothéliale de Fuchs et cornea guttata

C’est la principale dystrophie endothéliale, et la dystrophie de cornée la plus courante. Elle est causée par une déperdition des cellules endothéliales accélérée, avec une insuffisance endothéliale qui apparait dans la plupart des cas autour de l’âge de 60 ans.

Les symptômes sont une baisse de vision, surtout le matin au réveil, avec un éclaircissement progressif en cours de journée (dérouillage matinal). Un œdème de cornée s’installe et est responsable d’un flou visuel. Une photophobie est présente également. Dans les cas plus avancés des douleurs peuvent apparaître. Les technologies d’aujourd’hui permettent de dépister cette pathologie et de la traiter avant la survenue des douleurs.

Le traitement de première intention est constitué de collyres.

La surveillance est essentielle pour déterminer quel sera le moment le plus opportun pour une intervention. En effet, au stade de la baisse de vision et de l’œdème de cornée matinal, le traitement proposé est la greffe de cornée lamellaire endothéliale. La couche de cellules du donneur viendra remplacer votre couche de cellules déficiente, et ainsi permettre à nouveau une transparence cornéenne. Parfois, quand un œdème de cornée est installé depuis trop longtemps, il est possible qu’une discrète opacité séquellaire persiste. Il reste néanmoins toujours intéressant de réaliser la greffe pour stopper l’évolution et ne pas arriver au stade des douleurs. On essai d’intervenir avant la formation de cicatrices cornéennes.

 

  • Traitement des dystrophies de cornée

La première étape du traitement sont les collyres, mouillants ou cicatrisants, ainsi que les pommades. Ces traitements permettent d’améliorer la qualité de vie.

Quand ces collyres sont insuffisants, on peut proposer pour les dystrophies épithéliales ou stromales antérieures, la PhotoKératectomie thérapeutique au laser Excimer. Le principe de ce laser est d’abraser la couche la plus superficielle de la cornée, de manière que la nouvelle cicatrisation qui ait lieu soit régulière, transparente, et solide. Ce traitement n’est possible que dans des atteintes très peu profondes.

Dans les cas où l’atteinte est plus profonde et/ou le laser n’est pas indiqué, on peut quelquefois proposer la greffe de cornée, partielle ou totale selon le type d’atteinte.