ZOOM sur la sécheresse oculaire
Le syndrome de l’œil sec est une pathologie commune, qui touche entre 5 et 15% de la population, et donc la prévalence est corrélée à l’âge, aux pathologies générales et leur traitement, et aux conditions de vie (écrans, climatisation).
La sècheresse oculaire résulte de l’atteinte du film lacrymal. Le film lacrymal recouvre la surface oculaire et est composé de 3 couches :
- Une couche mucinique au contact du globe oculaire secrétée par les cellules à mucus de la conjonctive oculaire
- Une couche acqueuse secrétée par la glande lacrymale principale et les glandes lacrymales accessoires réparties sur la conjonctive
- Une couche lipidique secrétée par les glandes de meibomius, qui sont dans le tarse palpébral, et dont la sortie est en arrière des cils, en paupière supérieure et inférieure
Le film lacrymal peut être atteint, soit en raison de la production insuffisante de larmes ( cas de pathologies particulières), soit en raison de l’excès d’évaporation de celles-ci ( forme évaporative). Plusieurs mécanismes d’atteintes sont souvent mélangés(forme mixte) .
La sécheresse évaporative ou mixte
Les glandes de meibomius sont situées dans les paupières inférieures et supérieures elles sécrètent de l’huile appelée meibum qui constitue la partie lipidique des larmes et évite leur évaporation. Les dysfonctionnement (DGM Dysfonctionnement des glandes de meibomius), pour des raisons très variées est responsable de 80% des sècheresses oculaires.
La sécrétion de ces glandes est stimulée lors des clignements, qui vont « essorer » ces glandes et permettre l’expression du meibum au niveau des orifices situés sur les bords libres des paupières, juste en arrière des cils. Lorsque la paupière supérieure remonte, celle-ci va permettre d’étaler de manière homogène le meibum sur la surface oculaire protégeant ainsi la phase aqueuse et la surface oculaire.
En cas de mauvais clignements, c’est à dire, de clignements partiels ou incomplets, ou lors de clignements insuffisants, les glandes de meibomius ne sont pas stimulées suffisamment et des bouchons au niveau des orifices des glandes peuvent apparaître, diminuant ainsi la quantité de lipide sécrété.
Avec le temps, une glande régulièrement obstruée va voir sa structure se détériorer et s’atrophier progressivement pouvant amener à une disparition totale de la glande.
Cette pathologie sous sa forme évaporative représente 80% des patients atteints de sécheresse oculaire. Dans ce cas, elle est due à l’absence ou à l’insuffisance de couche lipidique externe, qui va entrainer une évaporation excessive, ou paradoxalement un larmoiement excessif par instabilité du film lacrymal, avec une inflammation associée de la surface oculaire.
Les symptômes de la sécheresse oculaire
Les patients atteints de syndrome sec ressentent des sensations de brûlure ou de corps étranger. Ils peuvent aussi présenter un trouble de la vision qui diminue au clignement des paupières. Si le processus s’accélère, l’inconfort devient permanent jusqu’à la douleur, et crée un larmoiement paradoxal. Des modifications de la surface oculaire peuvent arriver alors avec atteinte de la cornée, qui peuvent entrainer des complications.
Les symptômes sont variés et peuvent être concomitants ou isolés :
- Des picotements, démangeaisons, sensations de « grains de sable » dans les yeux, sensation de brûlure
- Sensibilité accrue à la lumière ou au vent
- Difficultés à porter des lentilles de contact
- Trouble de la vision qui diminue au clignement des paupières, augmentant au cours de la journée ou lors d’une activité visuelle prolongée (lecture/conduite par exemple)
- Fatigue visuelle
- Larmoiements excessifs ou au contraire absence de larmes dans des situations particulières
- Rougeur oculaire
- Difficultés pour ouvrir les yeux au réveil, parfois avec les paupières collées
- Tendance aux maladies des paupières (chalazion, orgelet, blépharite, Demodex…)
Les causes de la sécheresse oculaire
La sécheresse oculaire affecte toutes les classes d’âge. Divers éléments viennent favoriser son apparition :
- Notre environnement intérieur est de plus en plus souvent climatisé ou surchauffé, et donc asséché, pouvant ainsi mettre à l’épreuve notre film lacrymal et révéler une instabilité latente.
- Le temps passé devant les écrans (TV/ Smartphone / Ordinateur / Tablettes/ Télétravail) a considérablement augmenté et ne cesse de croître. La fréquence du clignement naturel des paupières est réduite lors d’une exposition longue devant les écrans (tendance à fixer), ce qui entraîne une sécheresse oculaire.
- Un port de lentilles de contact inadapté ou régulièrement prolongé, vient déstabiliser le film de larmes et ainsi entrainer une détérioration dans la structure de celui-ci.
- L’âge : Après la ménopause, et l’andropause, les glandes lacrymales et les glandes de meibomius s’atrophient à cause des modifications hormonales, ce qui réduit la quantité et la qualité du film lipidique.
- La présence de pollution atmosphérique importante ainsi que le tabagisme sont également en cause.
- La présence de maladies auto-immune comme le syndrome de Gougerot-Sjögren, la polyarthrite rhumatoïde, ou de maladie virales entrainant une modification de l’immunité.
- Les dysthyroïdies ( troubles de la thyroïde)
- Le recours régulier à des médications ayant pour effets secondaires une diminution de la sécrétion lacrymales tel que antidépresseurs ; Neuroleptiques; Antihistaminiques; certains traitements hormonaux ou anti-acnéique, certains traitements anti-hypertenseurs.
- La présence initiale de maladies avec atteinte inflammatoire des paupières tel que la rosacée, la dermatite séborrhéique, un psoriasis, ou des allergies oculaires chroniques vient également augmenter le risque de sécheresse oculaire
La consultation Œil sec
Le syndrome sec oculaire, par sa répercussion sur la qualité de vie des patients, par sa complexité dans les mécanismes en jeu, les facteurs locaux et généraux, et l’imbrication avec d’autres pathologies, est un sujet majeur en ophtalmologie.
C’est une pathologie chronique et évolutive et la considérer le plus tôt possible permet d’éviter que celle-ci ne devienne handicapante au quotidien.
Nous avons développé au sein du cabinet une consultation dédiée au diagnostic et à la prise en charge de la sécheresse oculaire.
Vous serez pris en charge par notre équipe pour :
- Une première consultation diagnostique : interrogatoire, questionnaire de référence, acquisitions de différents paramètres au niveau de votre surface oculaire par un appareil dédié, puis consultation avec le médecin ophtalmologique spécialiste.
- A l’issu de cette consultation, si votre cas est indiqué, vous pourrez être orienté vers des séances de traitement de la sécheresse oculaire effectuées par nos infirmières : éducation thérapeutique, masque chambre humide, traitement par IPL (Lumière pulsée), expression des glandes de meibomius.
- Une consultation de suivi, 3 à 4 mois après les séances de traitement, avec examens comparatifs à ceux de la première consultation afin de juger de l’efficacité du traitement mis en place.