ZOOM sur la cornée et ses pathologies
La cornée doit être transparente, claire, et avoir une forme régulière, pour pouvoir transmettre l’image vue. Un certain nombre de pathologies ou maladies peuvent altérer sa transparence ou sa forme et ont pour conséquence une baisse de vision.
Qu’est ce que la cornée ?
La cornée est le seul organe avasculaire de l’organisme, c’est à dire qu’elle n’est pas traversée par des vaisseaux sanguins, et cela pour pouvoir garantir sa transparence. En revanche c’est un organe extrêmement bien innervé, c’est-à-dire qu’elle présente une grande densité de nerfs sensitifs.
Elle est composée schématiquement de 3 couches, pour une épaisseur de 0,55mm environ au total :
- l’épithélium cornéen : c’est la couche la plus superficielle, elle peut être lésée en cas d’érosion épithéliale, à la suite d’un traumatisme ou une infection superficielle par exemple. Cette couche se renouvelle à partir du limbe scléro-cornéen, c’est-à-dire que sa cicatrisation sans séquelle est possible.
- le stroma cornéen : c’est la couche intermédiaire, la plus épaisse. Elle est constituée essentiellement de fibres de collagènes et de quelques cellules, c’est dans cette couche que cheminent les nerfs cornéens. Elle ne peut pas se reconstituer en cas de traumatisme avec perte de substance importante. Le phénomène de cicatrisation induit une opacité blanche qui gêne la vision.
- l’endothélium cornéen : c’est la couche interne de la cornée, en rapport avec l’intérieur de l’œil et le liquide qui remplit la partie antérieure du globe oculaire (l’humeur aqueuse). Son rôle est, entre autres, de former une barrière pour empêcher le liquide de l’intérieur de l’œil de rentrer dans les couches les plus antérieures de la cornée, afin de préserver sa transparence. L’endothélium est une seule couche de cellules qui ne peut pas se renouveler en cas de traumatisme. En cas de lésion ou de manque de cellules, la cornée se remplie d’eau comme une éponge, et un œdème de cornée se développe, elle devient trouble et empêche la bonne transmission de l’image.
Les greffes de cornée
Les premières greffes de cornée ont été réalisées dès le début du 20ème siècle avec des taux de succès variables. L’évolution des technologies et des connaissances au cours des 40 dernières années ont permis de développer de nouvelles techniques de greffes de cornée et d’utiliser cette thérapeutique dans un plus grand nombre de pathologies, par l’amélioration de la tolérance, de l’efficacité, et de l’acuité visuelle post opératoire.
Les différents types de greffes de cornée
Pour les opacités ou atteintes de cornée antérieure, on peut réaliser une kératoplastie lamellaire antérieure superficielle (ALTK) ou profonde (KLAP).
Dans l’éventualité où toute la cornée est touchée par la pathologie, on peut réaliser des kératoplastie transfixiantes (KT). Enfin, pour des atteintes de la cornée postérieure, comme la dystrophie de Fuchs ou la cornea guttata à un stade avancé, on réalise des greffes partielles lamellaires endothéliales (DSAEK et DMEK).
D’où vient le greffon cornéen ?
Le greffon cornéen provient d’un donneur, une personne qui a donné ses organes, et ici sa cornée, et qui n’avait pas de pathologie. Le greffon est recueilli, puis analysé et rendu apte à la greffe au sein des banques de tissus, qui sont régionales.
Afin de bénéficier d’un don de cornée, vous allez être inscrits sur une liste d’attente de greffes, géré par l’Agence de la Biomédecine.
Faut il attendre un donneur compatible ?
Non, la cornée étant un organe avasculaire, c’est-à-dire dépourvu de vaisseaux sanguins, il n’est pas nécessaire de rechercher de compatibilité particulière. En revanche le phénomène de rejet de greffe de cornée existe, le risque est diminué par les techniques actuelles de greffe lamellaire. Pour prévenir cela, un traitement préventif du rejet, en collyre, est prescrit pendant une durée approximative de 1 à 2 ans après la greffe.
Comment se déroule l’intervention ?
Plusieurs modalités sont possibles en fonction du type de greffe et du terrain du patient. L’anesthésie peut être loco-régionale (on endort l’œil et la zone tout autour), ou générale. L’intervention peut se réaliser en hospitalisation ambulatoire (pour la journée), ou avec une nuit d’hospitalisation, notamment si une position est à respecter en post-opératoire.
La première étape de l’intervention est la préparation du greffon cornéen. Lors de cette étape, vous êtes hors de la salle d’intervention, le chirurgien dissèque et découpe le greffon du donneur selon la technique de greffe qui a été choisie pour vous.
Quand la découpe est terminée, vous rentrez en salle d’intervention, et l’on vous prépare et anesthésie. L’intervention de greffe se déroule. La durée varie de 30 min à 1h selon la technique.
Quelles sont les suites opératoires ?
Dans le cas des greffes de cornée endothéliales, on vous demandera d’observer une position allongée sur le dos pendant 8h, afin de favoriser l’adhérence du greffon à votre cornée. Les suites opératoires ne doivent pas être douloureuses. En revanche la vision sera floue, pendant une durée variable selon la technique de greffe utilisée.
Des collyres antirejet à base de cortisone et des collyres mouillants sont à appliquer après l’intervention. Le traitement est à poursuivre plusieurs mois afin de prévenir un rejet de greffe de cornée.
Les contrôles avec votre chirurgien seront très fréquents le premier mois, puis s’espaceront pour rester très réguliers la première année.
Quand vais-je récupérer une bonne vision ?
Le délai de récupération visuelle est très variable en fonction de la technique utilisée et de la réussite de la greffe. Il va de 1 à 2 mois pour les greffes endothéliales à plusieurs mois voire plus d’une année pour les greffes transfixiantes.